Le Devoir nous apprenait récemment qu’un rapport publié par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) constate que la chaleur est un problème de santé publique important au pays. Selon les recherches de l’INSPQ, de tels épisodes de canicule ne sont pas sans conséquence sur les citoyens, car il s’agit maintenant d’un problème de santé publique important.
« Entre 1981 et 2009, on avait compté six vagues de chaleur alors que depuis 2010, il y en a au moins une par année », a souligné Marie-Christine Gervais, l’une des auteures du rapport.
Une étude menée auprès de gens vivant dans trois milieux différents, soit la banlieue d’Ottawa, la région de Montréal ainsi que des municipalités dans Chaudière-Appalaches, a conclu que près de 40 % des ménages abritaient une personne ayant été affectée par la chaleur en 2014 et 2015.« C’est [sur le plan] tant physique que psychologique. Ils peuvent être incommodés, même que certaines personnes, ça peut les rendre dépressives lorsqu’il fait très, très chaud. [Sur le plan physique], ils peuvent éprouver des faiblesses, avoir soif, avoir de la difficulté à faire leurs activités quotidiennes », a précisé la chercheuse.
De plus, 4 % des ménages hébergeaient une personne qui a dû consulter un professionnel de la santé en raison de la chaleur. « Ça peut aggraver des problèmes de santé déjà existants – des gens qui ont des problèmes respiratoires, par exemple […] Ça peut aller de crampes, à des évanouissements, à de la déshydratation, ce qu’on appelle des coups de chaleur, mais ça peut aller aussi dans certains cas à la mort si ces situations ne sont pas prises au sérieux », a-t-elle ajouté.
Lors de la première grosse canicule enregistrée en 2010, quelque 300 personnes sont décédées des suites de cet épisode seulement dans la grande région de Montréal, selon le docteur Pierre Gosselin. « Depuis, à chaque année on en a eu à des niveaux similaires », a-t-il indiqué.
Lorsqu’on parle des changements climatiques, bien des gens ne réalisent pas leurs impacts, les imaginant dans un futur vague et lointain. Or, même avec une faible augmentation de la température moyenne du globe (pas tout à fait 1°C pour l’instant), on peut déjà constater des effets : vagues de chaleur, sécheresse, ouragans, inondation… Ces événements affectent la flore, la faune, notre territoire, nos cultures, mêmes nos vies, comme le souligne le rapport de l’INSPQ.
Ce n’est pas sans fondement que la communauté scientifique nous exhorte à agir sans tarder pour limiter le réchauffement à 2° C et même idéalement à 1.5° C. Pour cela, il faut entreprendre des changements importants, principalement nous affranchir des énergies fossiles. Si nous n’agissons pas assez rapidement, les conséquences seront désastreuses. Récemment, le Washington Post publiait une carte du monde (reproduite ci-bas) simulant de quoi celui-ci pourrait avoir l’air dans l’éventualité d’un réchauffement de 4°C. On y voit qu’une grande partie des continents actuellement habités deviendrait des déserts (zones en orange). De vastes régions seraient carrément inhabitables en raison de la sécheresse, des inondations ou des événements météorologiques extrêmes (zones en brun), alors que certaines seraient submergées suite à la montée des océans (zones en rouge). Malheureusement, il ne s’agit pas d’un scénario de science-fiction. Si nous nous entêtons à rechercher la croissance économique à tout prix, si nous continuons à consommer pétrole, charbon et gaz au rythme actuel, si nous exploitons au delà des limites les ressources de notre planète, ce monde sera fort probablement le notre avant la fin du présent siècle. Bon nombre d’entre nous ne serons plus là pour voir les conséquences de notre inconscience. Mais nos enfants et petits-enfants les subiront, et cela n’aura rien d’agréable.
Crédits photos : Marcelo Gerpe, freeimages.com