Après six ans de mobilisation citoyenne et de mise en relation des chercheurs.ses avec des décideurs municipaux, la Coalition climat Montréal est heureuse d’accueillir le premier plan climat depuis qu’elle a été à l’origine de la consultation publique vertMTL sur la réduction de la dépendance aux énergies fossiles en 2015-2016.
En effet, la Ville de Montréal a lancé le 10 décembre dernier son Plan climat 2020-2030. Celui vise la neutralité carbone pour 2050, grâce à 46 mesures.
« Ce plan représente à ce jour l’effort montréalais le plus ambitieux face à l’urgence climatique » affirme Jean-François Boisvert, président de la Coalition climat Montréal. « Qui plus est, il s’arrime bien avec plusieurs éléments de la Feuille de route Québec ZéN pour la transition du Québec vers la carboneutralité, issue d’un vaste travail de coconstruction réalisé par plus de 190 spécialistes et représentants de la société civile. »
Le Plan Climat propose de nombreuses initiatives prometteuses. Il reprend aussi des élément de gouvernance climatique de la Déclaration #MTL400, document qui découle de la consultation vertMTL et compte parmi ses signataires plus de 140 organismes et entreprises montréalaises ainsi que des scientifiques éminents en la matière, à savoir un budget carbone, un test climat pour assurer la compatibilité des projets avec ce budget et une participation publique dans la planification et la mise en oeuvre de la transition.
« La valeur d’une démocratie participative est autant dans la recherche de solutions, pour et avec tous, que dans leur implantation » souligne France Levert, membre du comité de coordination de la Coalition et cofondatrice du Collectif Démocratisons Montréal. Selon elle, la participation citoyenne est un élément clé pour la réussite à long terme. « La place réelle de la participation publique envisagée par la Ville dans les années à venir sera déterminante pour une mobilisation garante du succès du plan. C’est un rendez-vous incontournable ! »
On note cependant que le plan ne prévoit pas pour l’instant le mise en place d’inventaires de GES fréquents et granulaires .
« Cela augure bien pour le plan qu’un test climat soit intégré, et nous souhaitons que soit mis en place dès que possible un outil de type “budget carbone” précisant des plafonds annuels à respecter. Cependant, en absence d’inventaires de GES plus rapides, fiables et détaillés, ce test n’aura pas les outils complémentaires pour être aussi efficace qu’il pourrait. » soulève M. Boisvert. « Il est bien de fixer une cible pour 2030, mais si la tendance se maintient, on n’aura qu’en 2035 les données pour savoir si on l’a atteint. »
L’inventaire de GES sur lequel le plan se base date de 2015. D’autres villes canadiennes montrent le chemin à cet égard: Calgary publie ces inventaires avec un délai de deux ans, et Toronto travaille avec des chercheurs pour publier les inventaires en temps réel grâce aux meilleures pratiques développées à Paris et ailleurs.
Sans une suite cohérente et crédible d’outils de gouvernance climatique, le plan risque d’être politisé au détriment de notre progrès collectif vers une ville carboneutre, résiliente et juste. Il n’est pas trop tard pour développer ces outils à l’aide des chercheurs et chercheuses locaux et de les intégrer au plan. Pour sa part, la Coalition climat Montréal reste prête à jouer son rôle de facilitation.
La course à la décarbonisation est bien engagée, mais elle est loin d’être gagnée. De plus, le temps nous presse et la crise climatique ne nous laissera pas de deuxième chance.