Si vous avez allumé votre vieil ordinateur de bureau et consulté l’Internet dernièrement, vous savez déjà que notre climat ne se porte pas bien du tout. Les scientifiques s’entendent pour dire que le réchauffement de la planète est réel, causé par les activités humaines et potentiellement désastreux pour notre survie en tant qu’espèce. Beaucoup d’entre nous (dont moi) préféreraient s’enfouir la tête dans le sable métaphorique et regarder les rediffusions d’Occupation Double plutôt que de lire un autre article sur comment nous sommes tous condamnés ; et qui peut nous en vouloir ? Mais si vous lisez au-delà des manchettes, vous découvrirez qu’il existe des solutions bien réelles à ce problème apparemment insurmontable ; la seule chose que nous avons à faire est de mettre en place ces solutions. Facile, n’est-ce pas ?
Parlons d’un budget carbone
Pardonnez-moi, mais qu’est-ce qu’un budget carbone ? C’est affreux – ni l’un ni l’autre de ces deux mots ne sont amusants. Mais en fait, il s’agit d’un concept très important qui sera la clé de notre succès dans la lutte contre les changements climatiques. Pour comprendre ce qu’est un budget carbone, vous devez comprendre que les émissions cumulatives sont importantes. Il ne s’agit pas seulement de ralentir la quantité de dioxyde de carbone libérée dans l’atmosphère, il s’agit aussi d’arrêter complètement les émissions.
Introduction aux changements climatiques : lorsque du dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre sont libérés dans l’atmosphère, ils emprisonnent la chaleur du soleil et réchauffent la Terre. Comme les gaz ne disparaissent pas avec le temps, peu importe où et quand ils sont émis, ils finiront par causer le même réchauffement. Plus précisément, chaque billion de tonnes de CO2 émises entraînera un réchauffement d’environ 0,5 degré Celsius. Je dois souligner ici que tous les gaz à effet de serre ne sont pas rejetés dans l’atmosphère en raison de l’activité humaine ; il existe un cycle naturel du carbone, qui est toujours en jeu, et de nombreux processus naturels qui causent l’émission de dioxyde de carbone. Cependant, l’opinion scientifique dominante à l’heure actuelle est que l’activité humaine accélère l’effet de serre en raison de la quantité massive de gaz à effet de serre qui est générée par l’industrie humaine (comme la combustion du charbon et du pétrole). À un moment donné, nous ne pourrons plus émettre de dioxyde de carbone dans le ciel ; nos émissions devront atteindre zéro. Cela signifie que si nous voulons éviter le réchauffement de 1,5°C qui, selon les scientifiques, est le seul moyen de maintenir notre climat viable, il y a une quantité limitée de CO2 que nous pouvons émettre dans l’atmosphère ; cette quantité limitée s’appelle le budget carbone.
Pourquoi m’en soucier ?
Vous vous en souciez absolument ! Parce que la stratégie climatique actuelle du Canada n’inclut pas de budget carbone, alors qu’elle devrait le faire ! Le plan climatique actuel du Canada est fondé sur des cibles d’émissions annuelles. Nous nous sommes fixé comme objectif de réduire nos émissions d’un pourcentage donné par rapport à une année précédente. Par exemple, l’objectif du Canada pour 2030 est de réduire les émissions de 30 % par rapport aux niveaux de 2005. Les deux stratégies visent à réduire la quantité de gaz à effet de serre que nous produisons, mais la science dit qu’un budget carbone sera beaucoup plus efficace pour nous aider à éviter les pires conséquences du changement climatique.
Le premier gros problème que posent les objectifs annuels en matière d’émissions est que cette approche entraînera inévitablement une augmentation des émissions de CO2 dans l’atmosphère. Rappelez-vous que les émissions cumulatives sont importantes, donc plus de CO2 = plus de réchauffement = plus de catastrophes. Un autre problème est que les objectifs d’émissions ne tiennent pas compte du fait que de nombreux pays dans le monde ne sont pas en mesure de décarboniser rapidement leur économie, ou que certains pays sont déjà plus coupables que d’autres de charger l’atmosphère en carbone. Même si certains pourraient penser qu’il est injuste que le Canada resserre davantage sa ceinture de carbone pour permettre aux pays en développement de rattraper leur retard, c’est la seule stratégie qui ait du sens. À l’heure actuelle, le Canada se classe 15e sur 17 pays pour les émissions de gaz à effet de serre par habitant (c’est d’ailleurs une note D) parce que nous utilisons beaucoup plus que notre juste part du budget du carbone. Notre atmosphère et notre climat sont partagés à l’échelle planétaire, de sorte que ce que les Canadiens font aura des répercussions ailleurs, et ce qui se passe dans d’autres pays aura éventuellement des répercussions sur les Canadiens, pour le meilleur ou pour le pire. Certains dirigeants politiques et décideurs ont fait valoir que cela signifie que ce que nous faisons n’a pas d’importance ! Même si nous réduisons nos émissions à zéro, d’autres pays émettront encore des tonnes et des tonnes, alors autant faire ce que nous voulons ! Cette non-solution est au mieux contre-productive ; l’utilisation d’un budget carbone dans nos plans de lutte contre les changements climatiques permettra au Canada de rendre compte, sur le plan éthique, non seulement de sa responsabilité historique en matière d’émissions de carbone, mais aussi de laisser aux pays en développement l’espace nécessaire pour améliorer leurs infrastructures et se préparer à ce qui s’annonce.
Un autre avantage de l’utilisation d’un budget carbone dans les politiques est que les politiciens ont l’habitude de travailler avec des budgets. On en a un nouveau chaque année, non ? Vous vous dites peut-être : « Mais les politiciens sont mauvais en tout, y compris dans les budgets ! Nous sommes condamnés ! » Calmez-vous. Les politiciens ont beaucoup plus d’expérience avec les budgets qu’avec les objectifs. Et même si cela peut sembler n’être qu’une différence sémantique, la façon dont les progrès sont suivis et la surveillance exercée est très différente. L’infrastructure bureaucratique nécessaire à l’utilisation d’un budget carbone dans notre politique climatique est déjà en place – comme c’est pratique !
Quelle est la prochaine étape ?
J’espère que nous sommes tous d’accord sur ce qui suit :
1. Le changement climatique est en train de se produire et nous devons prendre des mesures pour prévenir ses pires conséquences.
2. Les émissions cumulatives comptent – il ne nous reste qu’une quantité limitée d’émissions de gaz à effet de serre pour éviter 1,5° C de réchauffement.
3. L’utilisation d’un budget carbone est plus logique et produira de meilleurs résultats que l’utilisation d’objectifs d’émissions annuels. C’est plus intelligent, plus éthique et pourrait même être plus facile à faire.
Heureusement, des solutions sont en préparation. Il y a déjà beaucoup d’activistes dévoués qui s’efforcent de trouver de meilleures façons de faire les choses – C40 Cities est une organisation qui relie 96 des plus grandes villes du monde qui prennent des mesures audacieuses contre le changement climatique. Elles ont élaboré un projet intitulé Deadline 2020, qui fournit un guide concret sur la façon dont les villes peuvent mettre en œuvre un budget climatique au niveau municipal. Que reste-t-il à faire pour nous, citoyens qui aimons la vie et s’inquiétons pour elle, mais qui ne sommes ni décideurs politiques, ni scientifiques, ni activistes ? Que faisons-nous de tous ces faits impressionnants ? Rappelez-vous qu’il n’est pas impossible pour les citoyens d’initier un changement de gouvernement ; celui-ci est censé représenter la volonté du peuple, et il incombe à nos dirigeants élus de protéger la santé et le bien-être de leurs citoyens. C’est à nous de faire pression sur nos représentants pour qu’ils mettent en œuvre une politique qui reflète ce que nous voulons et ce dont nous avons réellement besoin. Mais ils ne sauront ce que nous voulons et ce dont nous avons besoin que si nous parlons plus fort !
Zoë Robertson