Penser globalement, agir localement
Nous ne pouvons plus ignorer les conséquences de nos décisions
C’est à Montréal qu’a eu lieu, en décembre 2005, la onzième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Depuis 1994, ce colloque réunit annuellement les plus grands esprits scientifiques et politiques de la planète afin de réfléchir sur un problème de taille mondiale : éviter que les endroits les plus peuplés de la terre ne deviennent inhabitables. Cette conférence était la première qui se tenait après l’adoption du fiasco qu’a été le Protocole de Kyoto. Protocole qui, à l’époque, représentait la plus grande chance qu’avait notre espèce d’endiguer la pollution due au dioxyde de carbone et d’éviter une catastrophe à l’échelle mondiale. Nous savons tous que le Canada a sa part de responsabilité dans l’échec de projet puisqu’il a pris la décision de s’en retirer. Le Québec, à l’époque, voyait les choses d’un autre œil puisque la province avait mis sur pied un dispositif de quotas d’émission cessibles. Et pourtant, nos élus et Québec inc. proposent maintenant le plus grand projet de construction jamais vu depuis des dizaines d’années sans avoir préalablement fait une étude sérieuse des impacts climatiques dudit projet.
Alors que le MTQ n’a pas réussi à faire de la réfection de l’échangeur Turcot un projet carboneutre, l’analyse environnementale de la CDPQ Infra n’a pas tenu compte des plus grandes sources de pollution qui émanent du projet : la quantité vertigineuse de ciment requise et l’encouragement de l’étalement urbain.
Le temps presse. Les seize derniers mois ont tous été marqués par des records de chaleur, d’ici 15 ans, nous aurons atteint le seuil fatidique du 1,5 °C et bon nombre de scientifiques ne savent plus comment s’y prendre pour exposer la gravité des données qu’ils observent. Les projets comme le Réseau Électrique Métropolitain les rendent incrédules. À une époque où la réduction des gaz à effet de serre devrait être la pierre angulaire de toute décision — surtout si celles-ci concernent les fonds publics — il est aberrant de constater qu’une analyse adéquate n’a pas été effectuée.
La Coalition Climat Montréal s’oppose fermement au Réseau Électrique Métropolitain de la CDPQ Infra comme il s’oppose à tout projet qui n’évalue pas tous les impacts qu’il aura sur les changements climatiques, et ce dans son cycle de vie complet. On ne peut plus feindre l’ignorance si ce n’est que pour trouver un prétexte pour expliquer son aveuglement volontaire devant les évidences et les faits que des milliers de scientifiques ont démontrés depuis des décennies. Les conclusions amenées par le GIEC ont été dépeintes comme n’ayant aucune importance politique tant par les promoteurs du projet que par le gouvernement du Québec. Ceux-ci ont même déclenché une campagne de relation publique pour écoblanchir le projet et ont même réussi à tromper les grandes organisations environnementales. En effet, les décisions ont été prises tellement rapidement que ces dernières n’arrivent pas à informer adéquatement leurs membres. Il devient donc quasi impossible d’avoir toutes les cartes en main pour pouvoir s’opposer à un projet qui encouragera l’étalement urbain et qui permettra aux cheminées des compagnies de ciment du Québec de continuer à cracher leur fumée. La CDPQ Infra a fait preuve de mauvaise foi en apportant des ajustements superficiels dans le simple but de déformer les perceptions sans toutefois toucher aux effets réels qu’aura le projet.