Protéger la forêt Rousseau

amende-foretUne lettre ouverte de Matthew Chapman, président de la Coalition Climat Montréal au maire Yvan Cardinal, Ville de Pincourt

Cher Maire Cardinal,

De nombreux résidents de la Communauté Métropolitaine de Montréal (CMM) reconnaissent la valeur de nos quelques espaces verts restants. Ils servent d’infrastructure naturelle pour filtrer l’eau, refroidir les quartiers, atténuer les inondations et accueillir de nombreuses espèces de faune et de flore dans une période de menace sans cesse croissante pour la biodiversité. Ils différencient aussi les banlieues comme Pincourt de la jungle de béton des zones urbaines plus denses, offrant aux habitants un répit du bourdonnement incessant de la vie urbaine.

Du point de vue législatif, le plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) fixe des objectifs pour la protection de l’espace vert conformément aux recommandations de l’Organisation des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de la santé. La décision de raser la forêt de Rousseau éloignerait encore la région de son objectif. D’après un récent rapport du Globe and Mail, l’étalement urbain dans la région du grand Montréal choque les urbanistes car notre expansion dépasse largement celle des autres grandes villes canadiennes.

Au lieu de développer les espaces naturels restants à Pincourt, pourquoi ne pas considérer leur valeur comme des actifs naturels ? En collaboration avec la Fondation Suzuki, le sommet 2016 de la CMM sur les infrastructures naturelles a produit une mine de connaissances pertinentes sur le sujet. Un autre sommet cet automne, soutenu par les mêmes organisations, promet de développer davantage les compétences locales tout en proposant des solutions à la récupération des friches industrielles par le biais de phytoremédiation.

Le coût en termes d’émissions de gaz à effet de serre de l’accroissement de l’offre de logements familiaux à faible densité est important. Une étude de Vivre en ville montre que l’empreinte carbone des personnes qui vivent dans des zones à faible densité est nettement plus élevée que celle des populations des milieux plus denses, en grande partie à cause du carburant et de la consommation de biens matériels requis par ces modes de vie. Un autre rapport, « Croitre sans s’étaler », offre d’autres alternatives au type de développement écologiquement irresponsable proposé pour la forêt Rousseau.

Vous avez le choix en tant que maire de défendre ce que vous savez être vrai – les crises écologiques combinées de la perte de biodiversité et du changement climatique exigent une réponse ambitieuse – ou permettre au statu quo de se poursuivre sans entraves. En appuyant les citoyens derrière « Sauvez la forêt Rousseau », vous envoyez un message clair selon lequel vous valorisez l’engagement des citoyens et comprenez votre rôle dans la prévention de la perte de biodiversité et dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Je vous encourage à explorer des alternatives qui permettent à Pincourt de se développer d’une manière écologiquement responsable, comme le réaménagement des mers de stationnement et des friches industrielles qui entourent le faubourg de l’île et qui représentent un lieu idéal pour un développement orienté vers le transit étant donné leur proximité avec la gare de Pincourt- Terrasse Vaudreuil.

Je vous laisse avec une image et une question : si la ville de Pincourt impose une amende de 2000 $ pour les détritus dans la forêt Rousseau, quelle valeur devrait-elle mettre sur la destruction de cette forêt ?

Sincèrement,
Matthieu Chapman
Président – Coalition Climat Montréal