Test climat du projet de REM

rem-cdpq-grand-virageLa lutte aux changements climatiques exige bien plus que des slogans, des voeux pieux et des mesures jovialistes. On ne peut se contenter de lancer les mots clés du développement durable ou de la transition énergétique. Il faut s’assurer que nos actions et nos investissements réduiront réellement et de façon proportionnelle aux efforts consentis nos émissions de gaz à effet de serre. À cet effet, le test climat apparait comme un outil essentiel. Tel que nous le proposons, il devrait être appliqué à tout projet majeur, qu’il soit immobilier, d’aménagement, d’infrastructure ou de transport.

Comme rien ne vaut mieux qu’un exemple concret, la Coalition Climat Montréal et le Syndicat canadien de la fonction publique ont confié à deux experts en transport, énergie et changement climatique le mandat de réaliser un test climat pour le plus gros projet d’infrastructure en transport en commun actuellement en cours à Montréal, le Réseau Express Métropolitain (REM) de la CDPQ-Infra. Nous vous invitons à prendre connaissance de leur rapport d’analyse ainsi que d’une comparaison de la capacité et du confort entre le REM et la proposition de Grand déblocage.

Faits saillants :

Une technologie énergivore qui produit énormément de gaz à effet de serre

La construction du Réseau express métropolitain, surtout à cause des grandes quantités de béton requises, sera responsable de 800 000 tonnes de CO2. Pour être rigoureux, nous devons répartir ces émissions sur plusieurs années; en les répartissant sur la vie utile des équipements, le REM émettra, par passager-km, 2 fois plus de GES qu’un train de banlieue électrique, comme celui de Deux-Montagnes, et 4 fois plus qu’un tramway urbain comme celui de Côte-des-Neiges.

De plus, le REM ne permet pas d’éliminer un grand nombre d’automobiles sur la route.  Nos études et celles de  la CDPQ et du BAPE le confirment.

Le seul mérite du REM est de remplacer des autobus diesel; sans tenir compte des hausses liées à l’étalement urbain et aux tarifs, le remplacement des autobus permet une baisse des émissions de GES d’environ 48 000 t par an en 2031.

Plutôt qu’agir comme complément, le REM cannibalise le réseau public

Nos analyses présument que les achalandages prévus par la CDPQ sont réalistes, incluant une hausse de son achalandage à court terme.  Par contre, les données de la CDPQ sont trompeuses, car le REM cause des baisses d’achalandage dans d’autres portions du réseau (notamment sur les trains de Vaudreuil et de Mascouche).  Et après quelques années, la croissance de l’achalandage du REM sera limitée pour deux motifs: premièrement, tous les stationnements incitatifs seront remplis rapidement chaque matin; deuxièmement, sur les antennes de Deux-Montagnes et de la Rive-Sud, la capacité du REM atteindra sa capacité maximale pendant les périodes de pointe.

Coûts d’exploitation exorbitants et hausse des tarifs

Les coûts d’exploitation du REM (incluant le remboursement du capital à la CDPQ) vont atteindre environ 600$ millions/an en 2031.  Selon les orientations budgétaires du gouvernement, les usagers devront payer 32% de ces coûts, par le biais de leur tarif (soit 200 M$ en 2031). Dans l’ensemble de la région de Montréal, cela causera une hausse des tarifs de près de 18% (au-dessus de l’inflation).  Il en résultera une baisse de l’achalandage global du transport collectif estimée à entre 289 000 et 490 700 déplacements par jour. En tenant compte de l’impact tarifaire ainsi que des autres incidences du REM sur le reste du réseau, le REM augmentera les émissions de GES entre 95 000 et 192 000 tonnes.  Il suffirait que la hausse des tarifs soit de 5% pour que le REM soit responsable d’une hausse nette des émissions de GES.

Mauvais mode, au mauvais endroit

Une saine planification des transports exige d’appliquer le principe du « Bon mode au bon endroit ».  Une telle planification justifie l’implantation de plusieurs lignes urbaines de tramway et une amélioration importante des services de trains de banlieue.  Avec une telle approche et un budget semblable à celui du REM, il est possible de desservir 3 à 4 fois plus d’usagers que le REM et de réduire les émissions annuelles de GES de plus de 800 000 tonnes. 

Le REM doit être annulé

Le REM fait augmenter les émissions de GES, alors que plusieurs alternatives existent pour les faire diminuer sérieusement.  De plus, les coûts d’exploitation exorbitants auront un impact négatif sur le réseau public actuel. Selon ces critères, le REM doit être annulé alors que nous pouvons encore sauver les meubles. Plusieurs autres critères d’intérêt public justifient également une telle annulation.